De retour en Côte d’Ivoire, l’ancien président a officiellement demandé le divorce d’avec Simone Ehivet, après dix ans de séparation.
De retour depuis jeudi en Côte d’Ivoire après dix ans d’absence, l’ex-président Laurent Gbagbo a déposé ce lundi 21 juin au tribunal d’Abidjan une demande de divorce d’avec son épouse depuis 1989, Simone Gbagbo. L’un de ses avocats, Me Claude Mentenon, a confirmé l’information dans un communiqué officiel, dissipant ainsi les rumeurs de ces derniers jours.
Officiellement, c’est en « raison du refus réitéré depuis des années de dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable » que Laurent Gbagbo « s’est résolu à saisir ce jour le juge des affaires matrimoniales du tribunal de première instance d’Abidjan d’une demande de divorce ».
Une séparation amiable aurait pourtant représenté la « voie de règlement appropriée à leurs statuts personnel et politique réciproques », selon l’avocat.
Un retour à l’Église catholique pour Laurent Gbagbo
Entre-temps, l’ancien président ivoirien de 2000 à 2010 a posé un autre acte fort : il s’est rendu dimanche à l’office du dimanche au sein de la cathédrale de Saint-Paul d’Abidjan. Le fondateur du Front populaire ivoirien y avait demandé une messe d’action de grâce. Pour les observateurs, c’est une manière de rompre avec l’évangélisme, qu’il avait embrassé avec son épouse Simone dans les années 1990.
… et un divorce qui pourrait peser sur l’avenir du parti
Le couple s’était marié en janvier 1989 et a eu deux filles. Ils ont été de fervents opposants au « père de la nation » Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993, et se sont battus ensemble pour le multipartisme. Simone Ehivet, née en 1949 d’un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants, a fait des études d’histoire et de linguistique. Mais ses passions sont le syndicalisme et l’engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique après avoir échappé « miraculeusement » en 1998 à un accident de voiture.
Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI), dont elle sera députée en 1995. Elle épouse, en secondes noces, Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de l’ex-chef de l’État. Une fois au pouvoir, Simone Gbagbo est devenue une première dame redoutée, très influente et qui a encore des sympathisants même si le FPI est aujourd’hui divisé en deux branches rivales.
Ils ont été arrêtés ensemble en avril 2011, après leur refus de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle. Plus de 3 000 personnes ont été tuées dans cette crise.
Laurent Gbagbo a été peu après transféré à La Haye pour être jugé devant la Cour pénale internationale (CPI), qui l’a définitivement acquitté en mars, après une longue procédure. Simone Gbagbo a, elle, été condamnée en Côte d’Ivoire en 2015 à vingt ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Elle a été amnistiée en août 2018 et libérée après sept ans de détention. Seconde vice-présidente du FPI GOR, la branche « Gbagbo ou rien », la décision de l’ancien président pèsera forcément sur le parti. À la disparition du numéro deux du FPI, Aboudramane Sangaré, en 2018, Laurent Gbagbo avait refusé que Simone prenne les rênes. À observer les réactions sur la Toile suite à cette annonce, le capital sympathie de l’ancienne première dame n’est pas près de retomber.
Du côté privé, le divorce semble une issue inéluctable. Âgé de 76 ans, l’ex-président ivoirien vit en couple depuis de nombreuses années avec Nady Bamba, une ex-journaliste de 47 ans. Il est rentré avec elle en Côte d’Ivoire, après son acquittement et le feu vert du président Ouattara. Quant à Simone Gbagbo, 72 ans, elle s’est rendue à l’aéroport d’Abidjan pour accueillir son mari, a échangé quelques mots avec lui, au milieu de la foule des partisans de l’ex-président, mais a rapidement quitté les lieux.
Source : Le Point