Entre le besoin de désigner la meilleure candidature et le désir de célébrer les cent ans de la première édition en Uruguay, Gianni Infantino n’a pas tranché. Espagne, Portugal et Maroc organiseront l’évènement mais trois matchs auront lieu en Amérique du Sud.
Dans un communiqué, la Fédération internationale de football (FIFA) a annoncé ce mercredi que la Coupe du monde 2030 sera organisée conjointement par l’Espagne, le Portugal et le Maroc, qui avaient déposé une candidature commune. L’instance précise toutefois que cette 24e édition, cent ans après la première organisée en Uruguay, comportera trois matchs en Amérique du Sud, en Uruguay, Argentine et Paraguay, avec un match d’ouverture au stade Centenario de Montevidéo, où l’Uruguay avait battu l’Argentine lors de la première finale.
Le choix de l’Espagne, du Portugal et du Maroc (qui avait rejoint le ticket ibérique après que celui-ci se soit d’abord associé à l’Ukraine) était attendu. Ces trois pays ne sont cependant pas encore officiellement désignés, ils ne le seront que l’an prochain lors d’un vote de tous les pays de la FIFA. Mais le Conseil de la FIFA, le «gouvernement» du football mondial, a choisi de ne retenir que cette candidature, qui sauf accident aboutira. Si l’Espagne a déjà organisé un Mundial en 1982, ce sera une première pour le Portugal et surtout pour le Maroc, candidat malheureux en 1994, 1998, 2006, 2010 et 2026. Les équipes de ces trois pays seront qualifiées automatiquement.
«Paix, tolérance et inclusion»
La grande surprise est donc l’ajout d’un troisième continent, l’Amérique de Sud, et de trois pays organisateurs supplémentaires, l’Uruguay, l’Argentine et le Paraguay, pour un total donc de six pays organisateurs, une situation inédite. L’explication tient dans le fait qu’en 2030, la Coupe du monde fêtera son centenaire. La première édition avait été organisée en 1930 en Uruguay, qui l’avait emporté en finale contre l’Argentine.
En 1996, le CIO n’avait osé confier ses Jeux du centenaire à Athènes, finalement attribués à Atlanta. Mais les Jeux olympiques sont organisés par des villes et non des pays, et la FIFA a d’autres moyens de ménager ses intérêts économiques et politiques. Dans son communiqué, l’instance voit dans ce montage très artificiel une union «non seulement dans la célébration du football mais aussi dans une cohésion sociale et culturelle unique. Quel beau message de paix, de tolérance et d’inclusion!»
Selon toute vraisemblance, les trois matchs prévus à Montevideo, Buenos Aires et Asuncion auront lieu en début de compétition. Montevideo devrait également être le cadre d’une cérémonie d’ouverture ou de commémoration de l’édition de 1930. «Le premier de ces trois matches se jouera dans le stade où tout a commencé, le mythique Estadio Centenario de Montevideo», ajoute – indûment – le communiqué.
Le premier match de l’histoire de la Coupe du monde n’a pas eu lieu au Centenario, dont les travaux n’étaient pas encore achevés, mais au petit stade Pocitos, également à Montevideo, aujourd’hui détruit et remplacé par un supermarché. La Coupe du monde 1930 ne s’est en réalité jouée que dans trois stades (l’estadio Grand Parque Central et les deux précités), tous situés à Montevideo. La FIFA n’explique pas pourquoi l’Argentine et le Paraguay sont associés à ces célébrations du centenaire. Elle ne précise pas non plus si l’Uruguay, l’Argentine et le Paraguay seront qualifiés d’office.
Toujours plus grand
Moins d’un an après une Coupe du monde au Qatar très critiquée mais très réussie sur le plan organisationnel avec moins de stades (8 contre 12 quatre ans plus tôt en Russie) et une très grande compacité (un territoire grand comme la Suisse romande), le Conseil de la FIFA prend une décision qui va dans le sens de toujours plus de gigantisme et de distances, sans attendre ce que donnera en 2026 la première Coupe du monde à 48 équipes et trois pays organisateurs (Canada, Etats-Unis et Mexique).
Elle semble peu se soucier également des considérations écologiques, pourtant de plus en plus prééminentes, alors que des équipes devront nécessairement jouer, et voyager, leurs supporters avec, sur deux voire trois continents différents. Mais peut-être le gâteau est-il désormais tellement gros qu’il supporte d’être découpé en tranches… Le communiqué de la FIFA laisse d’ailleurs entendre que l’édition 2034 sera confiée à un ou plusieurs pays de la zone Asie/Océanie, lesquels sont invités à déposer leur candidature, ce qu’a fait l’Arabie saoudite dans la soirée. Mais rien ne dit que des pays d’Europe ou d’Afrique ne pourront pas obtenir quelques matchs.
Source: Le Temps