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Argentine : L’ultralibéral Javier Milei élu nouveau président

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L’économiste d’extrême droite a séduit une majorité d’Argentins avec son programme pour «tronçonner» l’Etat en misant sur la privatisation de la santé et de l’éducation. Avec 55,7 % des suffrages, il bat confortablement le péroniste Sergio Massa.

C’est un séisme dont les premières secousses se sont fait sentir dès l’été dernier lors des élections primaires. Javier Milei, économiste ultralibéral de 53 ans, a été élu ce dimanche 19 novembre président de l’Argentine avec 55,7 % des voix, bien plus que ne le prévoyaient les sondages et un résultat en demi-teinte au premier tour (30 %). Il défait le péroniste Sergio Massa qui s’était lancé dans la course à la mandature suprême après le forfait du président de gauche Alberto Fernández. Ministre de l’Economie plombé par une inflation à 145 % sur douze mois, Massa a sombré face à l’homme qui a fait campagne en brandissant une tronçonneuse, symbole des coupes massives qu’il promet d’opérer dans les budgets de l’Etat.

Séisme politique, donc, pour l’Argentine tant le programme du trublion d’extrême droite pour faire face à la très grave crise économique est délirant et, en grande partie, inapplicable : abandon de la monnaie nationale, le peso, au profit du dollar, suppression de la Banque centrale, fermeture de nombreux ministères comme la Santé ou l’Education… Son discours de rupture contre ce qu’il appelle la «caste politique» a fait mouche.

Le scrutin s’annonçait tendu tant les deux hommes étaient proches dans les ultimes sondages. Ce sont a priori les indécis, qui représentaient encore 10 % de l’électorat jeudi au moment de la fermeture officielle de la campagne, qui ont fait pencher la balance. Malgré un face-à-face télévisé largement remporté par Massa.

Au premier tour, le 22 octobre, Sergio Massa avait terminé en tête avec 37 %, 7 points devant Milei que les sondages donnaient pourtant grand favori après sa percée triomphale aux primaires obligatoires du mois d’août. Le candidat antisystème avait crié à la fraude électorale en parlant de bulletins volés par l’intermédiaire de la police militaire en charge de la surveillance des bureaux de votes, accusation qu’il avait réitérée avant même le second tour. Toute la campagne entre les deux tours a tourné autour de la personnalité clivante de ce personnage bien connu des plateaux télé où il a déversé pendant des années, tel un Eric Zemmour de l’hémisphère sud, son credo ultralibéral.

Comme les Etats-Unis avec Donald Trump en 2016, puis le Brésil en 2018 avec Jair Bolsonaro, l’Argentine s’est choisi un président populiste et extrémiste. Pour la société argentine, le réveil risque d’être rude. Outre le désengagement de l’Etat des secteurs de la santé et de l’éducation pour laisser le champ libre au secteur privé, le tribun exalté a juré de supprimer progressivement les aides sociales, dans un pays où 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Admirateur proclamé de la dictature qui a tué 30 000 opposants supposés entre 1976 et 1983, il veut aussi revenir sur la liberté d’avorter. Le nouveau président entrera en fonction le 10 décembre.

Avec AFP

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