Le chef de l’opposition malienne est libre. L’information est confirmée par la présidence malienne.
Il a été libéré après plus de six mois de captivité. L’ancien président de la commission de l’UEMOA avait été kidnappé le 25 mars dans le centre du pays par des hommes armés, en pleine campagne électorale.
La dernière otage française encore détenue dans le monde, Sophie Pétronin, a également été libérée. Elle avait été enlevée le 24 décembre 2016 par des hommes armés à Gao (nord du Mali), où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d’aide à l’enfance.
Comment a-t-il été kidnappé ?
Soumaila Cissé et ses accompagnants sont attaqués le 25 mars entre 16h et 17h par des hommes armés qui les ont kidnappés.
A la tête d’une délégation de 16 personnes, il se rendait à Koumaira, dans le Cercle de Niafounké à Tombouctou, région située au centre du Mali.
Les autres membres de la délégation sont libérés quelques jours après, mais lui était encore entre les mains de ses ravisseurs jusqu’à ce jour.
« Son garde du corps a été tué lors de la prise d’otages. Cela témoigne de la violence de l’attaque », expliquera plus tard Demba Traoré, secrétaire à la communication de l’Union pour la république et la démocratie (URD) parti de Soumaila Cissé.
Amadou Kolossi, le maire de Koumaira, la ville où M. Cissé devait présider un meeting a, lui aussi, été kidnappé après Soumaila Cissé. Mais il avait été libéré le 10 mai dernier.
Qui est Soumaïla Cissé?
Plus connu comme un homme politique, Soumaïla Cissé est ingénieur informaticien de profession.
Sa carrière politique débute en 1992. Il est alors Secrétaire général de la présidence de la République au moment où Alpha Oumar Konaré arrive au pouvoir.
En 1993, il est nommé ministre des Finances avant d’hériter du portefeuille de ministre des Finances et du Commerce en 1994.
Trois ans plus tard, en 1997, ce militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ) est de nouveau ministre des Finances et ministre de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme en 2000.
Sa démission du gouvernement intervient en 2002 car il a l’intention de briguer la présidence sous la bannière de l’ADEMA /PASJ.
Il est en effet investi par le parti pour succéder à Alpha Oumar Konaré.
Deuxième au premier tour, Soumaïla Cissé perd l’élection, battu au second tour par Amadou Toumani Touré.
Cette défaite est l’origine de sa démission de l’ADEMA en 2003. Il crée alors l’Union pour la république et la démocratie (URD) en Juin de la même année.
A partir de 2004, Soumaïla Cissé devient président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Poste qu’il occupe jusqu’en 2011, année où il est encore investi candidat à la présidentielle de 2012 par l’URD.
A cause de coup d’Etat à l’origine de la chute du président Amadou Toumani Touré, l’élection a lieu en 2013. Là encore, Ibrahim Boubacar Keita est élu président.
Le même scénario se reproduit en 2018. Soumaïla Cissé est encore battu au second tour par le même adversaire.
Originaire de Tombouctou, il a été enlevé à quatre jours des élections législatives. Malgré son kidnapping, il a été élu dès le premier tour des élections.
Qu’a fait le gouvernement malien d’alors ?
Une cellule de crise avait été mise en place par le gouvernement malien. Il était présidé par Ousmane Issoufi Maiga, ancien Premier ministre.
Ce comité avait pour mission, selon le gouvernement, « d’assurer la coordination de l’ensemble des actions en vue de la libération du chef de file de l’opposition politique ».
Le jour des législatives, quatre jours après le rapt, le président Ibrahim Boubacar Kéita assurait :
« Nous souhaitons de tout cœur que Soumaïla Cissé retrouve très vite la liberté. Nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir sa libération ».
Le premier vice-président de l’URD était par aussi membre de cette cellule, selon le secrétaire à la communication de l’URD.
« Soumaïla Cissé est en vie ». C’est l’annonce qui avait été faite par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta le 16 juin 2020 alors que l’ex chef de file de l’opposition entrait dans son troisième mois de détention.
IBK avait révélé aussi que les autorités détenaient des « preuves de vie ». « Nous connaissons ses ravisseurs. Et s’il plaît à Dieu, il reviendra bientôt », a dit le chef de l’Etat devant des responsables et des membres de la société civile.
Mais jusqu’à sa chute, le président Keita n’a pas réussi à faire libérer son adversaire politique.
Source : bbc