Monsieur Biro Condé, est l’un des cinq Guinéens à avoir obtenu la bourse TEEP de la fondation Tony Elumelu en 2015. Passionné de Technologie depuis le bas âge, Monsieur Condé met en avant ses expériences professionnelles et se lance dans le domaine High Tech d’où la création d’une entreprise numérique de partage de vidéo ‘’iFrica360’’. Selon lui, ‘’l’Afrique est une mine d’or et seul l’entrepreneuriat et la science sont les moyens par lesquels nous pouvons l’atteindre’’. Lisez plutôt…
Comment êtes-vous parvenu à créer iFrica360 l’innovateur numérique ?
Je dirais que la création de iFrica360 émane de l’association de mes deux domaines de prédilection, à savoir le développement économique en Afrique et les technologies innovantes. J’ai développé une curiosité intellectuelle pour les technologies innovantes à la fin de mon cursus scolaire, tandis que depuis mon plus jeune âge mon intérêt pour le développement économique en Afrique est sans précédent. Ce sont donc ces deux domaines qui m’ont conduit à me lancer dans la création d’une entreprise numérique dans le but de répondre aux besoins des africains.
À travers iFrica360, nous voulons lancer une plateforme de partage de vidéo pour les cinéastes, les artistes et les médias africains. Je travaille avec une équipe talentueuse et dynamique composée de jeunes guinéens tels que Fatoumata Teliwel Diallo, Laouratou Sow et Abdourahamane Condé.
Pourquoi une sélection des clients ?
Premièrement, tout comme Vimeo aux État Unis, nous ciblons des vidéos de qualités et des films professionnels. Puis, il n’y a actuellement aucune plateforme de partage de vidéos qui priorise ou cible l’Afrique sur le web.
Enfin, il est important de souligner que la communauté africaine ne fait ses recherches que sur des plateformes occidentales, afin de trouver différentes productions de nos artistes et réalisateurs. C’est donc en cela que nous nous concentrons sur les professionnels africains en Afrique et partout dans le monde.
En observant une hausse de plus en plus importante du taux de pénétration d’internet en Afrique et la télévision traditionnelle qui se fait remplacée par les médias sociaux, nous pensons que c’est le moment idéal d’introduire la première plateforme africaine de partage de vidéos.
La distribution en ligne pour les cinéastes un nouveau mode, alors que l’Afrique n’a pas toujours les grands moyens de création des longs métrages. Comment peut-on expliquer ce paradoxe ?
Le cinéma ne représente qu’une partie de nos ambitions mais même dans ce cas, ce n’est pas un paradoxe si l’on regarde les chiffres de près. L’industrie cinématographique nigériane communément appelée Nollywood produit environ 50 films par semaine. Elle se place en deuxième position après Bollywood (industrie cinématographique indienne) en écrasant donc en matière de quantité de films produits la plus célèbre et gigantesque industrie cinématographique américaine, Hollywood.
Malgré cette évolution fulgurante, Nollywood ne génère que $600 millions par an. Ce qui est 10 fois moins que Bollywood et 20 fois moins que Hollywood. Nous avons pour ambition de contribuer à la réduction de cet écart à travers le numérique.
Quel est l’impact de la plate-forme de partage de vidéos pour l’Afrique ?
Nous voulons permettre aux cinéastes, aux artistes et aux médias de toute l’Afrique de monétiser leur travail en contrôlant la distribution de leurs productions en ligne sur une plate-forme panafricaine. Nous mettrons à leur disposition des outils nécessaires à la vente ou la location de leurs différentes productions directement vers une audience internationale.
Y a-t-il un coût financier et économique pour le contenu premium sur le partage des plateformes vidéo à l’avenir ?
Pour notre stratégie de lancement, la plate-forme sera entièrement gratuite pour les internautes et les éditeurs. Cependant, il ya deux choses importantes à préciser concernant la première version de notre application Web que nous sommes sur le point de lancer:
Premièrement, tout le monde est libre de créer un compte pour profiter de toutes les fonctionnalités de la plate-forme. Néanmoins seuls les comptes professionnels seront autorisés à télécharger sur la plateforme.
Deuxièmement, les fonctionnalités de monétisation ne seront pas disponibles dans cette première version. L’objectif pour l’avenir est d’ajouter des fonctionnalités qui permettront aux éditeurs de vendre leur contenu premium sur la plate-forme.
Vous faites partie des cinq guinéens lauréats, à savoir Camara, Diakité Adama, Souaré Y. et autres. Qu’avez-vous ressenti quand vous avez obtenu la bourse TEEP de la fondation Tony Elumelu ?
En 2015, nous avons eu la chance d’être sélectionnés par le plus grand incubateur de Startup en Afrique appelé TEEP. J’étais très heureux pour notre Startup car cela nous a permis d’être placés sur le devant de la scène panafricaine. La Fondation Tony Elumelu a invité 1000 entrepreneurs de startups sélectionnés parmi un groupe de plus de 20 000 candidats évalués par Accenture à travers toute l’Afrique.
Quelle est la durée du programme que vous avez présenté ?
Nous avons suivi une formation de trois mois sur l’entrepreneuriat. À la fin du programme, nous avons tous reçu un chèque de 5000 $ en capital d’appoint. C’est un excellent programme qui aura pour objectif au cours des dix prochaines années de non seulement former, préparer mais aussi aider financièrement plus de 10000 entrepreneurs de tous les pays d’Afrique au lancement de leurs Startups. La Guinée a besoin d’incubateurs similaires dans chaque région du pays car je suis convaincu que le pouvoir de transformer la Guinée repose entre les mains de la jeunesse et du secteur privé. Les incubateurs de Startups fournissent des idées et des conseils importants de la part d’experts des industries et d’entrepreneurs expérimentés. Ils équipent également les startups avec des actifs importants qui facilitent la croissance.
La ressource, la plus précieuse selon moi pour un entrepreneur avant d’investir un franc dans son projet repose sa perspicacité. Il doit donc avoir la tête sur les épaules c’est-à-dire être lucide, audacieux et surtout savoir établir des prévisions.
A quand la Guinée peut-elle compter sur le retour de l’un de ses dignes fils comme vous ?
Je crois que cela est déjà en cours. Depuis que j’ai quitté la Guinée pour poursuivre mes études aux États-Unis, je n’ai jamais perdu mon sens de responsabilité envers ce pays. Je viens de terminer un MBA programme rigoureux à Georgia Tech en gestion stratégique et finances, mon objectif dorénavant est d’être plus actif en Guinée. Je travaillerai avec mon équipe d’iFrica360 pour ouvrir un bureau à Conakry dans le futur. Je m’engagerai aussi avec des jeunes étudiants à travers le pays pour comprendre leurs défis, partager mes expériences et servir de mentor.
Votre message.
Mon message s’adresse à la jeunesse guinéenne. Il y a aujourd’hui une révolution numérique qui restructure l’environnement des affaires. En dépit d’être l’un des derniers continents à connaître une expansion rapide de la bande passante, je crois fermement que l’Afrique a le plus à gagner de cette révolution numérique. Je crois aussi que cette connectivité a donné naissance à une économie numérique où se trouve une mine d’or réservée pour la plupart des jeunes dans tous les coins de l’Afrique. L’entrepreneuriat et la science sont les moyens par lesquels on peut atteindre cette mine d’or. En regardant l’Afrique à long terme, le pouvoir d’achat continuera d’augmenter, le coût de la bande passante continuera de diminuer, et plus de gens viendront en ligne. Ce qui signifie que la valeur de cette économie numérique continuera à se multiplier rapidement. L’Afrique a manqué la révolution industrielle du 18ème et 19ème siècle, mais la numérisation présente une occasion unique de rattraper le reste du monde parce que la plupart des ressources techniques nécessaires sont facilement disponibles.
A224 avec Madina Men