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Moussa Daraba, initiateur des J-Awards Guinée

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Journaliste, présentateur de télévision à CISMEDIA, le jeune Moussa Daraba est également un entrepreneur. Il est le directeur général d’intelligentsia Guinée, une entreprise qui fait dans la com, l’événementiel et l’institutionnel. Il est également l’initiateur des J-Awards ou les Awards de la jeunesse guinéenne et de la Semaine de la jeunesse guinéenne, qui s’inscrivent dans le Forum J-Modèles. Interview.

Madina Men : vous êtes l’initiateur des J-Awards. Qu’est-ce que c’est ?

Moussa Daraba : Les J-Awards sont une grande soirée de célébration de la jeunesse guinéenne. Nous les appelons aussi les Awards de la jeunesse guinéenne. Ils sont une composante de notre forum J-Modèles. L’objectif est de détecter les jeunes qui ont du talent et qui sont des acteurs du développement du pays. Contrairement à ce que les gens pensent et à toutes les étiquettes qu’on colle à la jeunesse guinéenne, on s’est dit qu’il y a effectivement des jeunes capables de servir de repères, mais malheureusement ils ne sont pas assez connus. Nous cherchons donc à les mettre en lumière dans les différentes catégories où la jeunesse guinéenne est active et s’épanouit.

D’où est venu le déclic ?

Mon équipe et moi avons remarqué que dans beaucoup de discours, les autorités disent qu’elles misent sur la jeunesse, car elle est l’avenir du pays. Mais en même temps, nous trouvons paradoxal que ces mêmes personnes disent que la jeunesse guinéenne est mal formée, déboussolée et qu’elle manque de repères. Pour notre part, nous contestons ces affirmations. Nous connaissons, en effet, beaucoup de jeunes qui se battent dans un environnement difficile pour réussir dans notre pays et faire de la Guinée justement un pays développé, fier de sa population. D’où l’idée de lancer notre projet.

Votre première édition des J-Awards a été réussie. Quelle en a été la recette ?

La recette c’est la foi en notre projet. Elle est la condition primordiale pour susciter l’adhésion des autres. Notre envie obsessionnelle est de faire du bien et d’appartenir à cette jeunesse qui sait proposer des solutions et ne fait pas que s’opposer. Nous avons voulu mettre en lumière des jeunes capables d’inspirer les autres. Les jeunes guinéens doivent se rendre compte qu’il y a des opportunités à saisir en Guinée malgré les difficultés. C’est notre philosophie. Même si nos moyens sont faibles, le rêve peut devenir réalité à force de persévérance. Par notre leadership nous cherchons à fédérer la jeunesse autour d’un idéal commun. La première célébration de la jeunesse guinéenne nous a valu le soutien de onze ministres, de beaucoup de jeunes cadres et de grandes personnalités. Elle nous vaut aussi l’intérêt que le magazine Madina Men porte à mon humble personne et à l’initiative de mon entreprise.

Quelles seront les innovations de la seconde édition ?

Après la première édition, nous nous sommes rendu compte qu’il faut faire davantage qu’une simple célébration. Les problématiques de la jeunesse sont profondes et cruciales. Nous avons donc pensé à mettre en place un nouvel espace de concertation que nous appelons le Forum J-Modèles. Il vise à créer un contact direct entre, d’une part, les modèles que nous détectons et célébrons au sein de la jeunesse et, d’autre part, entre eux et les autres jeunes. Dans cet espace, les modèles ont l’opportunité de s’exprimer à travers des panels sur les questions sociétales, les problématiques actuelles de la jeunesse guinéenne et toutes les perspectives qui s’offrent à elle afin de dégager des voies de solutions. Le slogan c’est : « Inspirer la jeunesse par des modèles jeunes ». Le Forum J-Modèles va se greffer à la soirée des J-Awards dans un programme appelé la Blueweek ou la Semaine de la jeunesse. La Blueweek aura lieu en décembre 2018 et comprendra deux événements : le Forum J-Modèles, du 5 au 6 décembre, et la soirée des J-Awards, le 7 décembre. Nous allons faire deux jours de concertation, de réseautage, d’échanges, de partage d’expériences et d’inspiration réciproque entre jeunes. Il y aura ensuite une soirée festive où seront célébrés les meilleurs exemples d’efforts de réussite faits par de jeunes guinéens. La Blueweek vise à combler un vide en Guinée. Comme dans beaucoup d’autres pays, il faut que des dispositifs soient mis en place pour que les jeunes puissent réfléchir ensemble et trouver des solutions à leurs propres problèmes. Nous voulons stimuler dans la jeunesse cette capacité à proposer des solutions au lieu de se placer dans une attitude victimaire.

Le thème de cette première édition de la Blueweek est « Jeunesse et immigration clandestine : comment sortir de l’impasse ? ». Pourquoi ? 

C’est une problématique actuelle. Toutes les régions du monde y sont confrontées aujourd’hui, au départ ou à l’arrivée. La Guinée fournit chaque année à l’Occident des milliers d’immigrés clandestins ou irréguliers. Ils se précipitent vers ce grand cimetière qu’est devenu la mer Méditerranée. Donc nous nous sommes dit que le sujet doit être inscrit dans la Blueweek de décembre 2018. À travers des panels, 1 300 jeunes et plusieurs personnalités auront l’opportunité de s’exprimer sur la question et sensibiliserons les jeunes mais aussi les autorités autour des voies et moyens de sortir de l’impasse.  Nous cherchons à faire comprendre à la jeunesse qu’elle doit compter sur elle-même et n’attendre rien de personne. C’est à elle de prendre en main son destin. Par la même occasion, nous essayerons aussi de pointer du doigt les responsabilités étatiques et institutionnelles pour que les uns et les autres cherchent à mettre en place les mécanismes qu’il faut pour que les jeunes croient en la Guinée et cherchent à saisir ses opportunités.

Votre projet a-t-il le soutien des pouvoirs publics ?

Nous avons eu des séries de rencontres avec des cadres du ministère de la Jeunesse et du ministère des Investissements privés et des partenariats public-privé. À vrai dire, pour le moment ça sommeille, mais nous n’attendons pas. Notre philosophie est justement qu’il ne faut pas forcément compter sur les autorités. Elles ont trop d’obligations, même si c’est leur mission absolue de soutenir les initiatives des jeunes. Nous nous armons de courage pour avancer. C’est le parcours du combattant. Nous avons néanmoins pu rencontrer favorablement des personnalités. Mme Zénab Camara et Mme Kadija Bah sont en quelque sorte nos égéries. Elles sont constamment à nos côtés en termes de conseil, de moyens et de petit lobbying. KPC et le ministre des Hydrocarbures, Diakaria Koulibaly, ont eux aussi daigné nous écouter. Ce n’est pas forcément de l’argent que nous attendons de ces personnalités, mais un soutien moral et un rôle de mentor afin que nous puissions réaliser notre rêve et envoyer un signal fort au monde, celui d’une jeunesse guinéenne qui se réveille et travaille, qui est courageuse et ambitieuse.

Quelles sont vos perspectives ?

Outre le Forum, nous envisageons d’organiser des ateliers de formation avec des panels qui vont plancher sur les secteurs qui intéressent la jeunesse guinéenne : comment trouver un emploi, comment créer de l’emploi, comment mettre en œuvre son business plan, comment réussir sa carrière entrepreneuriale, comment être un bon leader dans son secteur d’activité, etc. Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Il faut continuer à travailler. Nous souhaitons néanmoins que les autorités nous accordent beaucoup plus d’attention et d’intérêt, parce que mobiliser 1 300 jeunes leaders et entrepreneurs, ce n’est pas chose aisée. Les autorités doivent accompagner ce projet mais aussi nos lauréats, les aider à être dans les circuits qu’il faut pour dynamiser la jeunesse dans son ensemble et lui rendre sa fierté.

Votre dernier mot ?

Un jeune doit se battre, croire en ses rêves, chercher à les réaliser. À cœur vaillant rien d’impossible, dit le proverbe. Par ailleurs, la Guinée nous a enfantés, nourris et bercés. En retour il nous faut l’aimer. Jeunes de Guinée, ayez à l’idée qu’il y a désormais dans le pays un espace appelé la Blueweek qui se fixe pour objectif d’inspirer et de célébrer la jeunesse guinéenne. Retenez également que c’est ensemble qu’on rassemble.

A224 avec Madina Men

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