Mme Maimouna Yombouno, est l’une des figures incontournables de la défense des droits des femmes en Guinée. Parallèlement à ses fonctions dans l’administration publique où ses compétences et expériences en finances publiques sont avérées, Mme Youmbouno est une passionnée du militantisme associatif humanitaire et social depuis 1995. De l’antenne Régionale de la Coordination des ONG Féminines de Guinée (COOFEG) de Nzérékoré en passant par l’Association des femmes chercheuses de Guinée, l’Association Servir Guinée (ASGUI), Ligue des femmes administrateurs et comptables de Guinée (LIFAG) jusqu’à la Fondation solidarité féminine sur le plan national et de l’Africa femmes performantes (AFP) à la Synergie Africaine des Femmes (SYNAF) sur le plan international, du haut de ses 58 ans, elle est active partout. Cette passion affective de la solidarité aux femmes, elle a grandi avec depuis son tendre enfance.
Maimouna Yombouno, vous avez été la première guinéenne à réussir une CERFICATION à l’école de sciences de gestions à l’université de Québec à Montréal. Expliquez-nous cet exploit ?
Suite aux formations de perfectionnement que j’ai reçues au Canada dans le domaine de la bonne gouvernance, la gestion financière de projets et programmes, des marchés publics et surtout du suivi et l’évaluation des projets, je suis allée préparer une accréditation. L’accréditation est un cours préparatoire pour le titre de MPDI (Manager de Projets de Développement International). Après ce cours, j’ai passé l’examen sur les points cités ci-dessus. Donc, j’avais une vision très large, une grande ouverture sur tous les bailleurs de fonds qui financent les différents projets de l’Etat, des ONG. Je remercie l’Etat guinéen de m’avoir accompagnée financièrement tout au long de ce cursus à travers les Ministères de l’Économie et des Finances, du Budget et des Télécommunications. Je souhaite qu’il ait beaucoup de femmes guinéennes accréditées. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir un président de la République qui a une vive attention sur les femmes pour leur promotion. Donc, je voudrais que les femmes s’adonnent à la formation pour pouvoir gérer un poste de responsabilité. Je lance un appel à l’endroit de celles qui occupent déjà un poste de s’adonner au travail surtout le travail bien fait.
Vous êtes une activiste des droits humains, quelles sont vos motivations pour un tel engagement ?
Je suis effectivement activiste des droits humains dans le cadre du social. Suite à ma position de gestionnaire et de mère, j’ai reçu pas mal de dames ou personnes en situation difficile qui sont venues me parler de leurs problèmes. Le fait que je sois en train de gérer des fonds publics, ce n’était pas facile pour moi d’aider ces personnes en situation de détresse. C’est pour cette raison que je me suis dit parallèlement à mes fonctions de gestionnaire financière de l’Etat, je suis inspecteur des services financiers et comptables, j’ai créé les ONG pour servir et être tout près des populations vulnérables qui sont dans le besoin. Ce sont souvent les femmes et les enfants. C’est ce qui m’a donnée cette motivation.
Parlez-nous de vos résultats avec « Action servir Guinée » dans le domaine de la promotion de la scolarisation des jeunes filles en région forestière ?
J’ai créé mon ONG ASGUI (action servir Guinée) en 2000 quand j’étais en Guinée Forestière. C’est une manière pour moi de porter la préoccupation d’une mère, ma mère qui a dû abandonner ses études très tôt et donner en mariage. Elle s’est battue pour la scolarisation des jeunes filles et elle nous a soutenues pour que nous les enfants finissions nos études. Elle m’a éduqué avec cet esprit donc je me suis dit qu’il lui faut rendre la monnaie, c’est-à-dire aller servir les autres qui n’ont pas les moyens. A chaque fois nous organisons des campagnes de sensibilisations en distribuant des kits scolaires aux filles afin de les encourager à aller à l’école et à produire de bons résultats. Nous facilitions souvent les meilleures filles en leur donnant des cadeaux lors des proclamations des résultats.
En quelle année vous avez créé les premières ?
C’est dans les années 2001, 2002 dans les régions de N’Zérékoré, Macenta et Guéckédou, puis 2004 à Conakry.
C’est quoi Fondation Solidarité Féminine ?
La Fondatrice solidarité féminine est une ONG qui a pour objectif l’amélioration des conditions de vie des femmes à travers l’éducation, la santé, l’eau et assainissement, l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’appui aux activités génératrices de revenus ; la formation et le renforcement des capacités des femmes pour qu’elles accèdent aux postes de prise de décisions (administration) et aux postes électifs (politique) ; le soutien aux candidatures féminines et la lutte contre les violences faites aux femmes.
Avez-vous réalisé des actions sur le terrain ?
Dans sa lutte pour la cause des couches vulnérables que sont les femmes et les enfants, la Fondation solidarité féminine a réalisé plusieurs actions sur le terrain. On peut citer entre autres : la remise d’une unité d’étuvage de riz paddy au groupement Minho de N’Zérékoré grâce à la subvention de la part de l’Ambassade d’Allemagne en Guinée. Nous avons fait un don d’outils aux femmes balayeuses de Mandiana. En partenariat avec l’Ambassade d’Afrique du sud en Guinée et le ministère de l’Action sociale, nous avons fait un don à l’orphelinat des enfants déshérités de Gomboyah ; nous avons fait un don de denrées alimentaires notamment le sucre, le riz et le lait à l’orphelinat de Sonfonia (Conakry) ; un don de kit scolaire aux jeunes filles de Porédaka (Mamou). Nous avons fait un plaidoyer pour l’égalité de chance et l’autonomisation des femmes. Nous avons lancé l’organisation citoyenne de Guinée, une initiative mise en place par le Dr Yassima comme quoi la fondation solidarité féminine reste active pour toutes les actions citoyennes pour contribuer au développement de la guinée. A Meliandou en compagnie des veuves et orphelins, nous avons lancé la campagne de plaidoyer pour institutionnaliser une période de SOLIDARITÉ en Guinée. Chaque année, la fondation solidarité féminine s’engage pour 16 jours d’activisme à l’occasion de la campagne orange. Une campagne qui consiste mettre des actions concrètes en place en vue de mettre fin aux violences faites aux femmes. Nous avons mis en marche la synergie d’action des femmes de Guinée pour la protection et la promotion des filles et des femmes. Nous avons participé à la « Busness Inspiring Women Conference » à Washington DC. Pour appuyer l’effort de lutte contre la fièvre Ebola, en partenariat avec les établissements DABO et Fils, nous avons ont effectués une remise de don à l’Association des femmes coiffeuses de Guinée (AFCG). Nous avons participé à la Mandela Day 2014 en partenariat avec l’Ambassade de l’Afrique du sud en Guinée. Une journée qui a été couronné par la remise de 67 gants en faveur des femmes balayeuses de Conakry. Les 67 gants correspondant aux 67 années que Nelson Mandela a mis au service de l’humanité en tant qu’avocat spécialiste des droits de l’homme, prisonnier de conscience, architecte international de la paix et premier président démocratiquement élu d’une Afrique du sud libre. Pour une campagne apaisée en 2015, nous avons été sélectionnées pour la campagne de sensibilisation des élections présidentielles du 11 octobre 2015 dans sept préfectures du pays (Boké, Kindia, Mamou, Labé, Faranah, Kankan et N’Zérékoré).
Parlez-nous d’Africa femmes performantes ?
Je représente « Africa femmes performantes » qui est une ONG de droit américain basée aux Etats-Unis, en Guinée. Elle crée des cadres de concertation, de rencontres, d’échanges avec les experts de talents et des grands panélistes pour donner l’occasion aux filles, aux femmes de l’Afrique et de la diaspora de développer les compétences dans le cadre des actions qu’elles mènent au quotidien pour l’amélioration de leur cadre de vie, pour leur autonomisation. Donc, nous avons créé à ce niveau une coopérative financière qui a son siège à Kinshasa. Cette coopérative financière des femmes africaines est créée en 2014 à Washington. C’est une sorte de micro-finance qui va permettre aux femmes de financer les projets qu’elles vont soumettre à l’agence que nous sommes en train de faire. Elle est une institution créée par les femmes et pour les femmes.
Vous êtes membre aussi de la Synergie africaine. L’un ou l’autre, je crois que les deux se rejoignent. Expliquez-nous son fonctionnement ?
La synergie africaine des femmes (SYNAF) est une nouvelle plateforme née en mai 2015 de la volonté d’un noyau d’anciennes ministres sénégalaises avec en tête Mme NDIAYE Innocence NTAPE, Présidente du Haut Conseil du Dialogue Social. C’est toujours dans la même logique que je me suis retrouvée dans cette synergie à travers Mme NTAPE également membre d’Africa femmes performantes. Africa femmes performantes a beaucoup plus de poids en Afrique australe et nous aussi nous voulons une réorganisation des femmes en Afrique de l’ouest. Elle réunit les femmes, les anciennes ministres du Sénégal, les associations de femmes du Sénégal, de la côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée Bissau, du Bénin, de la Guinée Conakry, bref de l’Afrique de l’ouest. Nous étions à Dakar au lancement, elle a pour objectif de réunir les forces et la mise en place de nouvelles stratégies pour plus de résultats pour une réelle promotion et surtout une autonomisation économique des femmes.
Au jour d’aujourd’hui ça marche ?
Oui, c’est une rencontre annuelle qui marche. Nous sommes à la première épreuve comme vous le savez tout début est difficile, mais avec l’engagement des unes et des autres, nous allons atteindre les objectifs fixés comme la mise en œuvre de grands projets de développement en faveur des couches vulnérables qui sont souvent les femmes et les enfants.
Pour vous, promouvoir la bonne gouvernance équivaut à quelle action ?
La bonne gouvernance est une notion controversée, car elle se définit parfois comme un mouvement de consentement et de réflexion, de la prise de décision et d’évaluation avec une multiplication des lieux et acteurs impliqués dans la décision ou dans la construction du projet. Quand un projet ou un domaine est géré dans les règles de l’art, c’est ce qu’on appelle la bonne gouvernance. Si cela est bien fait, il y a aura un impact positif visible sur les populations. C’est souvent la répartition et la gestion équitable rationnelle des ressources humaines et financières.
Quelles sont les relations que vous entretenez avec les autres ONG défendant les mêmes causes que vous ?
Aujourd’hui, nous sommes dans la logique de recherche de partenariats comme le recommande l’article 5 du statut de notre ONG. Nous sommes avec une dizaine de partenaires depuis notre création, récemment nous étions avec une ONG avec laquelle nous avions signé une convention de partenariat. Avec l’union et la synergie, nous comptons gagner et atteindre nos objectifs.
Quel appel voulez-vous lancer à vos collaborateurs, à vos disciples et aux autres membres des différentes ONG ?
Les gens doivent comprendre d’abord qu’une ONG est basée sur le volontariat, le bénévolat. C’est une organisation non gouvernementale à but non lucratif. Vous n’avez rien à attendre. Il faut qu’ils comprennent que l’ONG est comme une entreprise. Je vous parle maintenant, j’ai tellement investi parfois même mes propres économies dans cette ONG et je sais que cela va porter fruit. C’est une conviction très forte qui m’anime, c’est un choix. Rien ne me décourage sur le terrain parce que je me suis déjà préparée depuis que j’ai pris l’engagement à me mettre au service des autres. C’est en cela je me sens libre toutes les fois que je me rends utile et avec je continue à servir ma nation. En outre, je demande à mes sœurs de bien travailler pour avoir des résultats, car seul le travail libère l’homme.
Quelle vision de la solidarité vous avez avec tout ce qui vous entoure ?
La solidarité est un sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d’un groupe de personne qui sont moralement obligé les unes par rapport aux autres. Ainsi, les problèmes rencontrés par un ou plusieurs de ses membres concernent l’ensemble du groupe. En faites, c’est un acte qui te permet de te rendre utile auprès des autres, de partager l’expérience, les moyens etc.… Donc pour moi, la solidarité c’est comme un sacerdoce. Comprenez que promouvoir la solidarité, c’est lutter contre la pauvreté. Lutter contre la pauvreté, c’est maintenir la paix sociale. Sans paix, pas de développement. C’est la raison pour laquelle la solidarité doit être cultivée par toute la nation surtout que le 3eme mot de notre devise, c’est SOLIDARITE. La solidarité s’exprime à tous les niveaux de la société, c’est pourquoi nous sommes sur tous les fronts.
A224 avec Madina Men